Prenez d’abord du recul et appréciez l’affichage dans son intégralité. Nous avons ici un superbe spécimen d'ume en fleurs. La configuration habituelle pour Omono : un arbre principal sur un support avec une plante d'accent sur le côté, qui dans ce cas est une herbe sur un simple jita en bois. L'impression générale est celle d'une prairie naturelle. Un vieil arbre situé sur une colline entouré d'un terrain ouvert d'herbe permettant à la fleur blanche de frapper le spectateur contre l'écorce plus foncée du vieux tronc.

Considérez le stand.

Le support, se déplaçant des pieds vers le haut, ses pieds courbés et ses bords arrondis apportent de la douceur au paysage, tandis que le spectateur attentif découvrira gravé sur les pieds, un motif de vigne, son allusion nette et texturée à l'écorce, nous racontant une histoire de la longue relation que l'arbre partage avec son environnement. Juste au-dessus de la vigne, les découpes aériennes de la galerie échancrée sous le plateau supérieur du stand rappellent la canopée où l'on verra un jeu entre les branches et un espace négatif entre elles. Le plateau supérieur est en forme de fleur très élégante qui correspond bien sûr aux belles fleurs de l'ume.

Le pot rond cannelé.

De couleur crème, se marie parfaitement avec les fleurs blanches ayant une teinte jaune provenant des étamines, et le contraste du bois rouge du support est bien choisi pour mettre en valeur la belle mousse verte assise juste au-dessus, l'écorce et les fleurs noirâtres.

Détail étonnant à remarquer : la bande centrale en corde et les accents des lèvres sur le pot attirent l'attention du spectateur sur la relation entre la texture ou la vigne sculptée sur le support et la texture de l'écorce de l'arbre. La forme générale du support, avec sa galerie échancrée et sa plaque supérieure évasée, s'accorde parfaitement avec le rebord évasé du pot. La structure de l'arbre dont nous parlerons ci-dessous.

L'arbre

Avec un nebari surélevé, faisant allusion à la colline, et des racines apparentes avec de la mousse ludique entre les deux, la base de l'arbre s'oppose à la forme du pot cannelé. La mousse, encore une fois, n’est pas seulement présente à la surface du sol : les lichens poussent sur l’arbre dans des endroits où la nature a décidé de reprendre la vie.

L'écorce témoigne de l'âge de l'arbre, accentuée par le travail sur le rebord du pot et la couleur plus foncée du support. Le noir est intense, presque brûlé. Cela contraste si joliment avec les fleurs qui s’étendent bien au-dessus. La forme grincheuse du tronc se poursuit jusqu'aux extrémités par des branches au-dessus et sur les côtés, créant un volume et un mouvement équilibrés et profonds.


L'élégant tronc descendant se plie vers la gauche pour offrir une main ouverte de fleurs avec un jin étonnamment sculpté face au spectateur. Abondamment sculpté comme le support avec le motif de la vigne, c'est un merveilleux choix d'association.

Tout dans cet affichage appelle de multiples références, ce qui est vraiment intelligemment et élégamment réalisé. C’est un jeu de va-et-vient avec tous les éléments de la composition. Un merveilleux montage pour le plus grand plaisir des téléspectateurs.

Nous vous retrouverons à la 98ème exposition Kokufu en 2024, en attendant vous pourrez profiter de quelques spécimens de l'édition 2023 dans notre article ici .

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Informations et crédits :
Lieu : Musée d'art métropolitain de Tokyo
L'arbre appartient à un propriétaire privé, il a été exposé à la 97ème exposition Kokufu
Texte et photographie : Adam Jones, Tree House Bonsai